Le port : symbole de l’essor de Beyrouth et de sa désintégration


L’essor de Beyrouth a été lié au port depuis près de deux siècles . Grâce au port, et à la situation de la ville sur la rive Est de la méditerranée, Beyrouth est devenue, avec la révolution industrielle et l’invention des bateaux, la porte de l’Europe vers cette région du monde. Grâce au port, le commerce s’est développé, le nombre d’habitants de Beyrouth a augmenté, et de nouveaux quartiers ont été construits. Le port aura également contribué à l’ouverture de la route vers Damas. A l’époque de la domination égyptienne du levant (1831-1840), le port a été élargi, et un système de pesée y a été mis en place. Un tribunal de commerce y a été créé. La Quarantaine a ensuite été construite, un lazaret où les voyageurs étaient placés en quarantaine pendant quarante jours afin de prévenir la propagation des épidémies. Lorsque les banques sont ensuite arrivées, à partir de 1856, et qu’elles ont ouvert des filiales près du port, elles ont pu assurer divers services à leurs clients grâce aux navires qui établissaient des liaisons entre les divers ports et villes du monde. Le port a également représenté, dès cette époque, la porte de l’émigration libanaise et son rayonnement à travers le monde. C’est la raison pour laquelle la statue de « l’Émigré libanais », conçue par Ramez Barakat, se dresse à proximité du port . Le nouveau port a été inauguré en 1938. Il était alors l’un des plus grands ports de la région, assurant la liaison entre les continents. Il comptait alors 4 bassins, 16 quais, 12 entrepôts et plusieurs silos de stockage de céréales. Ces silos, construits entre 1968 et 1970 grâce à un financement koweïtien, étaient les plus grands du Moyen-Orient. Le 4 août 2020 ils ont été le théâtre de la plus grande explosion non nucléaire au monde . Ce jour-là, l’explosion du contenu du hangar 12 — où étaient entreposées depuis 2013 des tonnes de nitrate d’ammonium, de feux d’artifice et d’huiles — a transformé une partie de la ville en ruines et en décombres. De nombreuses hypothèses ont été évoquées quant aux causes de l’explosion, parmi les plus courantes figuraient : la négligence et la corruption, une attaque israélienne visant le port ou encore des armes qui y auraient été entreposées. À ce jour, l’enquête sur l’explosion n’est pas achevée. Elle aura causé la mort de 243 personnes appartenant à 13 pays, et elle aura blessé des milliers d’autres et détruit plus de 70 000 habitations. Les silos ont toutefois constitué un rempart de nature à protéger une partie de la capitale, et ils demeurent aujourd’hui comme un témoin du drame. Ils ont été inscrits en août 2025 sur la liste des bâtiments historiques par le ministère de la Culture, en réponse aux pressions des familles des victimes, qui continuent de se mobiliser pour obtenir justice et réparation.
