Chatila : du cimetière au massacre


Le rond-point de Chatila se trouve au milieu de la première autoroute large de Beyrouth, entre la place des Martyrs et l’aéroport. Et lorsque cette route a été ouverte, l’aéroport était encore sous construction. Il a été inauguré en 1954. Il ne s’agissait pas à l’origine d’un lieu circulaire. Le terrain abritait depuis 1969 « les cimetières des martyrs de Palestine », à proximité du camp de Chatila, habité depuis 1949 par des réfugiés palestiniens. Le camp s’était étendu vers le sud jusqu’au quartier de Sabra, et à l’ouest en direction de la cité sportive. Outre les Palestiniens, des Libanais, des Syriens et des Egyptiens y ont élu domicile. Ces cimetières, qui ont pris une forme circulaire après la guerre de 1975-1990, abritent les dépouilles de leaders, d’intellectuels et de militaires palestiniens, assassinés pour certains par Israël à Beyrouth, et de citoyens arabes et étrangers ayant soutenu la cause palestinienne. Ces cimetières ont représenté l’une des voies d’accès pour ceux qui ont commis les massacres de Sabra et Chatila , au cours de l’invasion israélienne du Liban en 1982, après que les combattants palestiniens eurent quitté les camps et embarqué sur les bateaux qui les emmenaient en Syrie et en Tunisie. Quant au premier ministre Sharon, il avait supervisé le carnage, du côté de l’ambassade du Koweit. Ses soldats avaient encerclé les camps de Sabra et Chatila, interdisant toute tentative de fuite à leurs habitants. Le bilan a été de 6000 victimes. Le carnage, commencé le 15 septembre, s’est poursuivi pendant plus de deux jours, et n’a été révélé que 4 autre jours plus tard. Après l’onde de choc à l’échelle internationale provoquée par ce massacre, et l’accusation portée contre l’armée d’occupation, une commission d’enquête israélienne a été formée, qui a innocenté l’armée, rejetant l’accusation sur « les forces libanaises ». Selon cette commission, l’explication du massacre résidait dans la revanche que voulaient prendre les forces libanaises, dont le chef, Bachir Gemayel, venait d’être assassiné la veille, le 14 septembre, alors qu’il venait d’être élu, le 23 août, à la Présidence de la République, sans avoir pour autant pris ses fonctions. « La guerre des camps » a ensuite éclaté entre les partisans du président palestinien Yasser Arafat et ceux du mouvement Amal, affidés du régime syrien à l’époque (1985) et elle n’a guère épargné les camps de Sabra et Chatila. Vingt après cette tragédie, Elie Hobeika , dont le nom avait figuré dans un rapport d’enquête de l’armée israélienne avait décidé de se présenter devant un tribunal international. Il a toutefois été assassiné le 24 janvier 2002. Israël a été accusé de ce crime, qui aurait été destiné à empêcher la révélation de son rôle dans La commission baptisée « Pour ne pas oublier Sabra et Chatila » continue de commémorer un crime contre l’humanité, en organisant des événements culturels et des visites aux cimetières des victimes. Des soutiens de la cause palestinienne venus du monde entier y participent.
